Par Carl Tardif
La marche est significative entre le baseball senior et les rangs professionnels. Elle l’est encore plus entre l’idée de passer d’un poste joueur de position à celui de lanceur. Après avoir franchi la première étape avec succès, Émile Boies a montré ces derniers temps qu’il pouvait aussi réussir la seconde phase de sa transition.
Habituellement, c’est à l’arrêt-court ou à une autre position de l’avant-champ qu’on retrouvait son nom sur la feuille d’alignement des Capitales. Mais en ce soir du début du mois d’août, c’est en qualité de lanceur partant qu’il a été présenté à la foule du Stade Canac.
Plus préparé qu’à une simple sortie en longue relève dans un match sans enjeu, le Lévisien a vite trouvé son rythme pour filer vers une victoire à son tout premier départ en carrière dans la Ligue frontière, ce qui portrait alors sa fiche à 2-0 en 11 présences comme lanceur
«Il y avait un peu de nervosité au début, mais quand la balle est rentrée dans le gant de [Anthony] Quirion, ça s’est effacé, et après, on retournait à notre petit train va loin, à notre petite mécanique», disait-il devant l’abri pendant que ses proches attendaient la fin de l’entrevue pour célébrer le moment «historique» pour lui.
Les siens ont pourtant l’habitude de ses coups d’éclat. Dans le baseball junior, il était le meilleur arrêt-court de la Ligue. Dans le senior, il a été élu le joueur le plus utile des séries éliminatoires en 2024. Entre les deux, il a connu une belle carrière dans les collèges américains, s’amusant même à passer de l’inter au monticule pour fermer les livres à l’occasion.
Un rôle qui lui plairait
«Je ne peux pas dire que j’haïs ça», admet-il sur la sensation d’être dans la peau d’un lanceur.
«Dans mon cœur, je vais toujours être un joueur d’avant-champ, mais si je peux aider l’équipe à remporter des matchs en étant sur la butte, je suis prêt à le faire chaque jour», de dire celui qui a maintenu une moyenne offensive de .234 en 124 présences au moment de rédiger ce texte.
Si le passé est garant de l’avenir, Boies pourrait forcer la main du gérant Patrick Scalabrini à lui trouver un poste dans son personnel de lanceurs en 2026. Pour l’heure, son rôle hybride de joueur de position et de lanceur occasionnel ne changera pas, course au championnat oblige.
Le baseballeur de 24 ans n’a su que la veille de son départ qu’il serait le partant des Capitales contre le Rox de Brockton.
«Il a bien fait, cette saison, et on voulait voir de quoi il était capable comme partant. Et il a très bien fait cela, mais un mauvais départ n’aurait en rien effacé ce qu’il a accompli depuis le début de la saison. Il a démontré qu’il pouvait le faire et qu’il aimait ça», note le gérant, qui admet avoir été surpris de le voir travailler pendant cinq manches, notamment en raison de l’absence d’une préparation spécifique aux artilleurs.
Un hiver pour se préparer
Voilà la clé de l’histoire. Patrick Scalabrini et l’instructeur des lanceurs Christian Chénard veulent lui donner les mois d’hiver pour effectuer sa transition comme lanceur.
«Je suis intrigué par ce qu’il peut faire comme lanceur. On le connaît comme joueur d’avant-champ, il était même notre arrêt-court au cas où quelque chose arrivait à [Kyle] Crowl, mais il a un beau potentiel au monticule. Il lance à 90 mille à l’heure sans préparation, il a une motion fluide et un bon gabarit. J’ai hâte de voir s’il peut aller chercher quelques kilomètres du plus en travaillant comme lanceur pendant la saison morte.»
Émile Boies est un exemple de résilience. Après avoir mérité un poste de recrue comme joueur d’utilité en 2023, il s’est fait remercier de ses services après quelques semaines en 2024. Une semaine avant l’ouverture du camp d’entraînement, ce printemps, il a demandé au gérant de l’inviter au camp, sans promesse d’embauche à moins de la convaincre de le garder. Ce qu’il a fait…
«J’avais quelque chose à prouver, autant à moi qu’à l’équipe. L’an dernier, ça m’a fait mal d’être libéré. Je me suis ramassé avec les Cactus et même si j’ai adoré mon séjour à Victoriaville, mais il y avait toujours quelque jour qui me trottait dans la tête», ajoute Boies, ravi de porter l’uniforme des Capitales à nouveau.
Après tout, l’enfant du stade qui a joué avec les Diamants et fait partie du programme sport-études des Canonniers est devenu un joueur professionnel avec l’équipe de sa région.
Et si tout fonctionne comme on l’espère, c’est peut-être comme lanceur qu’il s’épanouira dans l’avenir!