Par Carl Tardif
En signant le troisième match sans point ni coup sûr de l’histoire des Capitales, la semaine dernière, le lanceur canadien Breaden Allemann fait la démonstration que la valeur n’attend pas le nombre des années!
À 29 ans, on pourrait croire qu’il possède une longue feuille de route dans le baseball professionnel. Mais il n’en est rien, puisqu’il possède toujours le statut de recrue dans la Ligue frontière. Une recrue qui se trouve toutefois au sommet de son art.
«Je commence à prendre de l’âge et à me faire un peu vieux pour le baseball indépendant, mais je tenais à jouer ici pour ce qui pourrait fort bien être ma dernière saison à moins de recevoir une offre de contrat du baseball affilié», dit le natif de Surrey, en Colombie-Britannique.
À l’image de l’équipe, Allemann connaît une séquence du tonnerre en ce début de saison. Après six sorties, dont deux en relève et une écourtée à quatre manches à son tout premier départ, sa fiche était de 3-0 et sa moyenne de points mérités s’établissait à 0,72 à la conclusion du troisième match sans point ni coup sûr de l’histoire des Capitales, le 6 juin dernier.
Il s’agissait du deuxième en autant de saisons chez les Capitales, mais surtout, de son premier exploit du genre, lui qui n’avait joué qu’une saison et demie dans les rangs professionnels avant de se joindre aux Capitales.
«J’ai commencé à y penser à partir de la quatrième manche, mais encore plus à compter de la cinquième. Tu te demandes si c’est vraiment la journée où ça va arriver. L’important, c’était de ne rien changer à mon approche. J’ai continué à attaquer les frappeurs adverses avec ma balle rapide, ce qui les forçait à pourchasser mes autres lancers à effet. J’y suis allé un lancer à la fois, c’était vraiment spécial comme sentiment lors du dernier retrait», raconte-t-il à propos du match qui lui a valu le titre de lanceur par excellence de la semaine dans le circuit.
Allemann avait dû attendre longtemps avant d’effectuer son premier lancer dans ce match écourté à sept manches puisqu’il était tenu dans le cadre d’un programme double face aux Bird Dawgs, une nouvelle équipe. Les Capitales avaient inscrit 10 points dès la première manche, ce qui lui offrait une avance confortable. Il a bouclé la rencontre avec 10 retraits au bâton, soit un de moins qu’à sa sortie précédente.
«Je me sentais aussi bien qu’à mon départ à Québec contre le New Jersey. J’étais en contrôle de mes lancers, mais j’ai aussi eu droit à de beaux jeux défensifs qui ont sûrement évité quelques coups sûrs», note l’ancien des Aigles de Trois-Rivières.
Libre comme l’air à la fin de la saison 2024, Allemann a reçu un message texte de Patrick Scalabrini à la fin du mois de novembre qui l’invitait à se joindre aux Capitales.
«Il n’a pas pris sa décision rapidement parce qu’il pensait peut-être arrêter de jouer. Ce fut un long processus. Je le voyais d’abord dans un rôle de cinquième partant, mais je dois admettre qu’il est bien plus que cela», souligne le gérant de l’équipe.
Allemann a finalement accepté de s’amener à Québec pour une raison bien précise. Laissons-lui l’occasion de nous le dire:
«C’est simple, je voulais gagner. J’avais le goût de me retrouver dans un environnement où on sait comment le faire. Et en plus, c’est valorisant d’être courtisé par une organisation dotée d’une telle culture.»
Un ancien receveur
Le natif de Surrey a fréquenté l’Université de la Colombie-Britannique, un programme évoluant dans une association collégiale américaine de sport (NAIA). Et tenez-vous bien, il était receveur et non pas lanceur. «J’ai commencé à lancer à ma dernière saison à l’âge de 22 ans. Ensuite, j’ai joué dans les ligues pour adultes. À mes débuts, je pouvais lancer de 88 à 91 milles à l’heure, et aujourd’hui, je suis plus de 92 à 94 milles à l’heure. J’aimerais bien lancer plus fort.»
Au printemps 2023, il a participé à un tournoi en Colombie-Britannique où il a atteint 95 m/h, ce qui l’a incité à tenter sa chance dans le baseball professionnel «J’avais toujours su que je n’étais pas très loin de pouvoir jouer chez les pros. Je me suis retrouvé à Trois-Rivières, où je n’étais qu’une verte recrue de 27 ans sans expérience», dit celui qui a cumulé une fiche de 4-5 en Mauricie.
La saison dernière, il avait brillé lors d’un match contre les Capitales, ce qui avait capté l’attention de Scalabrini. Après avoir fait son entrée au stade via la porte de l’équipe adverse, le voilà qu’il utilise celle du club local.
«J’appréciais avoir la chance de réduire la foule au silence comme visiteur, mais c’est bien plus plaisant de l’avoir de son côté», admet l’arrière-petit-fils d’un ancien joueur de l’équipe nationale et membre du Temple de renommée de soccer canadien.
Et de la manière dont il le fait depuis le début de la campagne 2025, les partisans préfèrent aussi sûrement le voir lancer pour les Capitales !