par Carl Tardif
À son deuxième passage dans l’uniforme des Capitales, le lanceur Greg Duncan peut enfin se nourrir de l’énergie qui englobe le Stade Canac. Il en avait eu un aperçu lors du match d’ouverture de 2023, mais le froid du moment n’avait rien de comparable à la chaleur des dernières semaines.
«Le baseball à Québec se rapproche beaucoup de l’ambiance de fête qu’on retrouve dans la Ligue du Mexique, où j’ai joué l’an passé. Ce n’est pas toujours plaisant de lancer lorsque c’est tranquille dans les gradins, mais ici, chaque match ressemble à un soir de grand gala, où l’on attend que le son de cloche pour sauter dans l’arène», illustre le droitier de 27 ans à propos de son expérience québécoise jusqu’à présent.
Les feux d’artifice illuminaient le parc Victoria en cette autre victoire de votre équipe favorite. La veille, Duncan avait savouré sa deuxième victoire en autant de départs avec les Capitales. L’homme était souriant, il regardait les gens s’amuser dans les gradins.
Son retour à Québec est une histoire qui s’écrit en plusieurs chapitres, et à bien y penser, elle est aussi une suite logique à son parcours ponctué de quelques blessures et une rencontre ayant marqué sa vie pour toujours.
Un hommage à Bobby Jenks
«Je dois beaucoup à l’ancien lanceur des ligues majeures Bobby Jenks, qui a été mon gérant à Windy City. Quand je tentais de le convaincre de m’offrir un contrat en 2024, je lui avais expliqué que je me remettais d’une blessure plutôt rare que personne ne connaissait vraiment. Il m’a dit, je sais exactement d’où tu viens, j’ai subi la même blessure. Il a été l’un des rares à me comprendre. Il m’a beaucoup aidé, m’a donné une belle leçon de vie et m’a montré comment me comporter comme joueur professionnel. Son décès m’a beaucoup attristé, mais je suis heureux d’avoir croisé cet homme sur mon chemin», confiait-il à propos du champion de la Série mondiale de 2005 avec les White de Sox de Chicago qui est mort d’une forme de cancer de l’estomac en juillet.
Duncan se surprend lui-même d’être toujours en mesure de lancer après avoir subi une fracture de stress au bras en 2021, ce qui l’a empêché de grimper sur un monticule pendant deux ans, ce qui lui a permis de terminer études. Au printemps 2023, il est recruté par Patrick Scalabrini, mais dès sa première sortie au camp d’entraînement, il sait bien qu’il ne pourra pas être rétabli à temps pour le début de la saison.
Il assiste au match d’ouverture à Québec, mais on le libère par la suite. Après une pause de quelques semaines, il tente sa chance avec les Goldeyes de Winnipeg, mais encore là, son bras ne répond pas à l’appel.
«J’ai subi une fracture de l’os du coude, qu’on appelle «funny bone» en anglais. On m’a inséré une plaque et de vis pour tenir les deux parties de l’os ensemble. J’étais convaincu que ma carrière était terminée, mais mon père a eu la bonne idée de me rappeler que l’équipe payait pour ma rééducation, alors aussi bien voir qu’il adviendra au bout du processus?»
Il se retrouve donc à Windy City un an plus tard, où il peut enfin lancer en santé. Il jouera aussi au Mexique et dans la Ligue Atlantic, une double preuve que sa malchance est derrière lui.
«J’ai toujours su que j’avais le potentiel pour être un lanceur efficace. J’estime avoir été meilleur que ma fiche de 2-8 à Windy City», dit celui qui a été dominant comme pas un depuis son arrivée à Québec.
Son nom sur le marché
Les Thunderbolts étant éliminés de la course aux séries, son nom a été mis sur le marché des échanges au mois d’août .Une autre équipe a bien failli l’obtenir, mais elle a reculé à la dernière minute.
«Mon gérant m’a demandé si j’en avais une autre en tête, alors j’ai pensé à Québec. J’ai texté Patrick et Kyle Crowl, juste pour vérifier, et ils m’ont répondu qu’il y avait justement un poste de libre. Deux jours plus tard, Toby [Hall, leur gérant par intérim] m’a dit, tu t’en vas jouer au Canada. Super, parfait! Je connaissais encore quelques joueurs de mon passage en 2023, les gars m’ont super bien accueilli et je suis venu ici pour savourer l’expérience enivrante de jouer à Québec et pour aider l’équipe à remporter un autre championnat», souligne celui qui a été le coéquipier de l’ex-receveur des Capitales Tyler Blaum dtout au long de son parcours à l’université de Virginia-Wise.
Obtenu en retour des services du releveur Franklin Para et du célèbre joueur à être nommé plus tard lors de l’active période des transactions orchestrée par le gérant Patrick Scalabrini, Duncan ne sait pas ce que l’avenir lui réserve. Mais un jour, il aimerait bien passer du terrain à la galerie de presse, plus précisément dans la boîte des descripteurs.
«J’ai fait mes études dans ce domaine. Je suis originaire de Washington. D.C., alors j’ai grandi dans la cour des Nationals. Mon père y possède des abonnements de saison et il s’est fait des amis dans l’organisation. De mon côté, je connais quelques joueurs ainsi que des dépisteurs, je pourrais leur demander de mettre ma candidature au-dessus de la pile», conclut en riant cette future voix du baseball.